Sara Petrella
Présentation:
Anachronisme et militantisme dans l’espace muséal. Quelle place pour les témoins anciens (XVIe-XVIIIe s.) de l’histoire coloniale ?
Le manque de sources relatives aux voix autochtones pour retracer l’histoire coloniale, en particulier pour les XVIe-XVIIIe s, est une question urgente. Pour faire face à ce problème, deux solutions ont été envisagées dans la littérature scientifique et les pratiques muséales.
Tout d’abord, des gravures tirées de la littérature moderne sont parfois présentées en lieu et place des productions autochtones, par exemple dans le cas des arts du nord-est de l’Amérique des XVIe-XVIIIe siècle. Cependant, la mise sur le même niveau d’artéfacts autochtones et de livres écrits et illustrés par des agents du régime colonial posent des problèmes qui doivent être mis à jour. En dressant une typologie des témoins les plus anciens de l’histoire coloniale, il s’agira de renouveler l’étude autour des arts autochtones antérieurs au XIXe s. qui sont rares dans les collections ethnographiques suisses et dont la provenance demeure souvent méconnue.
Ensuite, les musées sont de plus en plus nombreux à proposer des parcours mêlant des installations d’art contemporain et des objets collectés à l’époque des empires coloniaux, tels le MEG et le Palais de Rumine en 2017-2018. À partir de cas d’études en Suisse et au Canada, il s’agira de réfléchir autour des pratiques qui mettent en dialogue le passé et le présent afin de briser les silences de l’histoire par l’intervention d’artistes contemporains sélectionnés pour leur engagement politique.